Vous les connaissez tous, non, ces films et séries catastrophes ? Ceux qui nous annoncent des événements terribles, climatiques ou sociaux, et surtout, qui ont cette fâcheuse tendance à alimenter nos peurs en nous faisant ingérer des images de violence, de luttes brutales pour la survie, d’adversité, voire de cruauté. De quoi frissonner d’horreur et, le temps passant et ces fictions se multipliant, ne plus pouvoir différencier le vraisemblable du fantasme.
Et si on nourrissait nos yeux, nos oreilles, notre esprit d’autres récits ? Et si on choisissait avec un peu plus de soin ce à quoi nous nous exposons ? Parce que la cruauté est humaine, mais tous les êtres humains ne sont pas cruels. Parce que nous avons beau vivre dans un monde qui a érigé en majesté l’individualisme et la concurrence, il n’en reste pas moins qu’à l’état naturel, on observe que la coopération prend le dessus sur la compétitivité.
Qu’ils soient rationnels ou pas, nous croyons à des mythes. Normal, on adore les histoires ! Et ce qu’il y a d’intéressant (et de puissant) c’est que nos pensées et notre vision du monde produisent des projections et que nous avons une tendance à sélectionner les informations qui confortent nos convictions et nos préjugés. C’est ce qu’on appelle le biais de confirmation en psychologie. Sans compter que nos pensées ont des répercussions biologiques sur nous (c’est ce que démontre d’ailleurs le chercheur Bruce Lipton dans son livre Biologie des croyances, mais il est loin d’être le premier à avoir travaillé sur ce sujet).
Alors, peut-être devrions-nous commencer à un peu plus se méfier des mécanismes de notre esprit, à l’observer plus attentivement et à prendre soin de lui.
Opérer une transition intérieure
Les enjeux futurs sont nombreux, nous en avons déjà parlé dans mon article 5 livres pour vaincre l’éco-anxiété et autres maux modernes (si vous ne l’avez pas lu je vous invite à le faire, car j’y évoque des sujets qui contextualisent cette série d’articles). Dorénavant la nouvelle n’a plus vraiment la saveur de l’inédit : les problèmes écologique, énergétique ou de biodiversité sont entrés dans notre actualité quotidienne. L’avenir s’est voilé et l’inquiétude grandit.
Des initiatives fleurissent, que cela concerne la diminution de l’utilisation de l’énergie, le changement de mode de vie, l’autonomie alimentaire, la réduction des déchets, et j’en passe… Chacun tente à sa manière de s’adapter et d’agir. Je vous l’ai déjà écrit, à mon sens, les actions concrètes doivent évoluer en parallèle d’une transition intérieure. Nous avons tout intérêt à veiller à notre santé psychologique, à renouer avec une autre réalité que celle que nous avons connue jusqu’ici afin de transcender notre représentation du monde, à retrouver foi en l’altérité et en la solidarité, à nous débarrasser de nos dangereux réflexes égoïstes ou encore à approfondir notre rapport à l’existence et à élargir notre conscience…
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5 films pour une transition intérieure
La sélection de films que je vous propose va donc dans ce sens, chacun m’a personnellement permis de remettre en contexte mon humanité et m’a redonné du courage face aux enjeux présents et à venir.
C’est volontairement que je ne mentionne pas des titres tels que Demain, Après Demain ou En Quête de sens, car ce sont des films de plus en plus fréquemment évoqués. J’avais envie de vous proposer des titres qui sont un peu moins connus et qui sont parfois un peu plus allégoriques, pour que vous fassiez un maximum de découvertes.
C’est parti !
Alpha
Alpha est un peu un « remède choc » à la peur de l’effondrement de notre civilisation moderne. Ce film, réalisé en 2018 par Albert Hughes, raconte la salvatrice rencontre entre un jeune homme et un loup pendant le Paléolithique supérieur, il y a 20 000 ans. Tous deux blessés, ils n’ont d’abord d’autres choix que de collaborer pour survivre, ce qui les conduira ensuite à nouer une amitié très particulière. Ensemble, ils vont braver l’hostilité de la nature sur des centaines de kilomètres pour retrouver la tribu du jeune homme.
De quoi relativiser notre crainte de l’inconfort et de l’aspect sauvage de notre monde… De quoi retomber en amour pour ces animaux que l’on préfère craindre que comprendre. De quoi réaliser, qu’au final, notre place d’être humain est peut-être davantage au sein d’un écosystème aussi magnifique que menaçant, que dans des forêts de bétons. J’ai tout simplement adoré ce film, mais si vous connaissez mon amour pour les loups, vous savez que je partais déjà conquise…
La Tortue rouge
La Tortue rouge est un pur bijou ! On le doit à Michael Dudok de Wit, qui l’a réalisé en 2016. Ce film d’animation est sans dialogues, ils auraient été bien inutiles, car en s’adressant directement à nos âmes il rend les mots complètement superflus. La bande-son, en revanche, est purement sublime. L’histoire se déroule sur une île déserte dans les tropiques. Elle n’a pour habitants que quelques crabes, oiseaux et tortues. Quand soudain un naufragé y trouve refuge…
La Tortue rouge est le genre d’objet qui nous aide à observer et à apprivoiser les grandes étapes de nos existences : la naissance, l’amour, la transmission, la mort. Précisément le genre de passages dont on parle de manière assez superficielle dans nos sociétés, et dont on se détourne, faute de savoir comment les appréhender. Or, ce sont des sujets tout bonnement passionnant, qui nourrissent nos esprits. Et, si l’on avait moins peur de la mort, sans doute serions-nous plus assurés face aux défis de la vie… Dompter nos angoisses face à nos futurs incertains commence aussi par là : rencontrer la naissance et la mort dans leurs aspects anthropologique et philosophique.
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Qu’est-ce qu’on attend ?
C’est Marie-Monique Robin qui a réalisé ce documentaire en 2016. Elle s’est rendue dans le village d’Ungersheim, en Alsace pour y rencontrer et y capturer le quotidien de ses citoyens. Pourquoi ? Parce qu’Ungersheim est une star internationale dans le milieu de la transition ! De nombreuses initiatives ont transformé le village, qui possède sa monnaie locale, tend vers une autonomie énergétique et alimentaire (la cantine est 100% bio et entièrement approvisionnée par la production du village), développe un éco-hameau ou encore favorise les transports doux (c’est Richelieu, l’un des chevaux, qui conduit les enfants à l’école !).
En 2009, la municipalité avait effectivement créé un programme de démocratie participative, appelé « 21 actions pour le 21e siècle ». Le film, tourné lors de l’aboutissement de toutes ces actions en 2015, est un condensé d’énergie constructive qui donne envie de se mobiliser et d’agir !
Captain Fantastic
Captain Fantastic est une comédie dramatique, parue en 2016 et réalisée par Matt Ross. On y suit, aux États-Unis, le quotidien d’un père qui élève ses six enfants seul, après le décès de sa femme. Jusque-là, rien de très original… Sauf que le couple avait un projet de vie un peu particulier : ils souhaitent élever leurs enfants en dehors de la société de consommation, isolés dans une forêt. Alors, ces six bambins savent à peu près faire tout ce qu’on ne sait pas (ou plus) faire : cultiver, allumer un feu, cuisiner avec pas grand-chose, gravir des falaises, chasser au couteau, philosopher sur des sujets complexes… C’est sûr, ils sont autonomes, pourraient survivre à peu près dans n’importe quel contexte et ont l’esprit sacrément affûté.
Sauf que… la fête est finie et la famille est contrainte de quitter son havre de paix. Confrontés au monde extérieur, le film offre la possibilité d’observer les limites, mais aussi les forces, de leur mode de vie. De quoi s’inspirer de cette conception de l’existence, tout en prenant le recul nécessaire. En tout cas, l’histoire m’avait sourire et rêver à d’autres possibles.
Solidream
Solidream a été réalisé par Brian Mathé, Morgan Monchaud et Siphay Vera. Il relate l’aventure d’une poignée d’amis d’enfance, qui ont parcouru 54 000 km à vélo. « Avec l’idée d’atteindre les parties extrêmes du globe, ils expérimentent l’aridité des déserts d’Atacama et d’Australie, naviguent dans les Cinquantièmes hurlants jusqu’en Antarctique, éprouvent la touffeur de la sylve amazonienne, construisent un radeau pour descendre le Yukon et connaissent la rudesse des hauts plateaux boliviens et des Monts Célestes du Kirghizistan. »
Le film nous en met plein les yeux et plein le coeur, on comprend à travers les images à quel point les voyages que j’appelle les « voyages lents » (à pied, à vélo, à cheval…) nous catapultent dans notre humanité à l’état brut. On se confronte à nos besoins les plus primaires : se nourrir, trouver de l’eau potable, se reposer, se mettre en sécurité, se soigner, se réchauffer. On avance au rythme d’un temps ancien, on se mesure à la puissance de la nature, parce qu’on décide de remettre une part de notre vie entre ses mains : une humble colline peut se transformer en géant redoutable, une douce averse et un vent de face en épreuve éreintante, une journée de sécheresse en hypnotique et chavirante hallucination.
Le voyage à vélo est une efficace reconnexion à soi, à notre humanité, à la terre et aux autres, car s’ils sont parfois une rencontre agréable, ils sont aussi souvent un secours indispensable. Le voyage à vélo est aussi un exercice d’équilibriste psychologique, car gravir des cols dépend plus de nos dispositions mentales que de nos capacités physiques.
En bref, Solidream élargira votre compréhension du monde et nourrira sans doute votre confiance en l’Homme, et en tout ce qui le dépasse. J’avais d’ailleurs déjà évoqué les bienfaits du voyage à vélo dans l’un de mes précédents articles, que je vous invite à (re)lire.
– À lire aussi : Pourquoi le chamanisme est une spiritualité du XXIe siècle
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Et vous, avez-vous des films ou reportages à partager ?
Dites-moi en commentaire, je suis curieuse de les découvrir !
À bientôt les loups, je vous embrasse,
Laurine
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Photo A © Daniil Kuželev
Photo B © Johannes Plenio
A part Alpha j’en est vu aucun, parce que je ne suis pas trop film, il est rare que je regarde un film jusqu’au bout.
J’étais plus trop film non plus à une période et là je prends plaisir à en regarder de temps en temps. Parfois en plusieurs fois.
Si l’envie de te prend, tu sauras où venir piocher des idées ! 🙂
Oui 🙂
Franchement merci pour cette sélection de films. J’en connais de nom mais je n’en ai vu aucun.
Contente d’avoir pu te les faire découvrir !
Chacun de ces films a l’air passionnant ! Cela fait très longtemps (depuis qu’il était sorti au cinéma) que je veux voir Captain Fantastic et grâce à ton article, cela m’a rappelée qu’il faut vraiment que je le regarde ! Je pense que je vais également beaucoup aimé « Qu’est-ce qu’on attend ? » et « La tortue rouge » 🙂
Merci pour ces découvertes !
Ravie de t’avoir fait découvrir ces beaux films, j’espère qu’ils te plairont ! 🙂
Ca y est les trois premiers sont réservés en bibliothèque :D. J’espère qu’ils arriveront avant mon départ ^^. Les deux derniers sont en attente – parce que le nombre de réservation est limité hehe.
Moi je suis très cinéphile et donc preneuse de bons conseils 😉
Merci!
Hâte de savoir ce que tu en penses ! 🙂
La Terre vue du coeur (https://ici.tou.tv/la-terre-vue-du-coeur)!
Merci pour le partage !
Je n’ai vu que captain fantastique, qu’est ce qu’il est merveilleux ce film !! En tout cas tu m’as donné envie de voir les autres. Je te conseille la belle verte de Coline Serreau qui est vraiment génial et je trouve qui va assez bien dans le thème 🙂
Ah oui La Belle verte, je veux le regarder depuis des mois et je n’y pensais plus ! 🙂
Je vais aller voir tout ça, il y a juste Captain Fantastic que j’ai déjà vu et que j’avais beaucoup aimé!
As-tu vu En quête de sens? c’est un documentaire, un voyage initiatique de deux amis qui partent dans le monde questionner les gens.
Bisouuuuus
Ta sista Noémie
Coucou Noémie <3 Oui je l'ai déjà vu, il est chouette aussi ! Je t'embrasse fort
Grace à ton article j’ai découvert captain fantastique ???? j’étais loin de me douter que ces idéaux de vies alternatifs pouvaient être aussi bien interpréter. C’est le fantasme des parents parfaits qui aspire non seulement à l’autonomie mais à de faire de leurs enfants des » philosophes roi » ! c’est mieu que je ne l’avais esperer ! entre les scenes qui font réver et celles qui sèment le doute sur ces choix d’éducation, j’ai bcp apprécier le compromi qu’il trouve à la fin .
la mise en scene et les acteurs jusqu’aux plus petits sont blufants ! et le décord et la qualité visuelle juste irréprochable! j’ai aussi découvert un autre film de Vigo par la suite: loin des hommes. tout aussi ludique 😉
Merciiiiii hâte de découvrir tes autres titres ♡
Merci beaucoup pour ton partage Nour, je regarderai Loin des hommes ! 🙂 A très vite !